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XIX, folios:175
Boczosel, Soffrey de, seigneur de Chastelard
M. de Gordes
Lettre non liée
23/11/1572
Grenoble
Paris

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

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Monsegneur, je vous ay escrit du XIXe, puys lequel jour

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je n’ay guière habandonné ou le lict ou la chambre,

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d’ung peu de maladie que j’ay heu, don je me sens,

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Dieu mercy, tant allegé que demain, avec son ayde, je

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reprendray l’air et le pavé. Du mesme jour que

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je vous escrivis, Il s’eleva ung bruict par ceste ville

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universellement que l’on vouloit encor se jetter sur

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les reliques de la huguenauderie par le commandement

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du roy, que le commung disoit estre party pour leur laisser

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faire. Mais, Monsieur de Nevers, qui estoit demeuré

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en ceste ville, manda en son lougis, dans le Louvre, messieurs

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du conseil privé, présidentz de la cour de parlement,

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prévost des marchantz et eschevins de ceste ville, qui

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firent faire si bon guet toutte la nuict qu’il ne s’en est

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ensuivi aucung désordre que le saccagement d’une boutique

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de ferronnier. Sans ce bon ordre, les mains chatouilloint

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à assez de gens, non de courir sur les reliques des Huguenotz,

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mais sur tout ce qu’eust vallu le prendre et attraper,

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et pense-on qu’il s’en fut ensuivi ung saccagement misérable

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des meilleures maisons de ceste ville. Monsieur le légat

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faict son entrée ce jourd’huy en ceste ville. Le roy est

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encor à Fontenay-en-Brie et la royne sa mère à Monceaux.

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Messieurs d’Évènes et de Laval ne sont encor non plus de

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retour. Je me voy embarqué encor yci pour cest yver,

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dont messieurs du pays m’ont prié ne bouger. Je leur escris

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de demander creue d’ung second conselier ecclesiastiq, attendu

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qu’il y a deux chambres au parlement. J’en escris aussi

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à messieurs d’Ambrun et de Grenoble, pour n’estre veu

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mespriser en cela leur faveur. Je verray la volonté des

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estatz sur ce poinct, puys je me résouldray de la mienne.

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[v] Si elle va là, je m’en feray pourvoir. Mais je crains qu’il

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ne faille du moins estre in sacris pour éviter les dispenses

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que l’on poursuit après, auquel poinct je ne me pourray

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pas résouldre aisément, mesme que j’ay sceu que mon frère

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a perdu ung de ses deulx filz. Si je passe oultre et qu’il

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me faille financer, je regarderay que vous en aurés les

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deniers, s’il m’est possible, car je n’auray guières d’envieux

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sur cest office. La royne pourtant m’a promis, par vostre

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recommandation, de parler au roy de me donner et l’office

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et la finance. Si les estatz n’estoint chargé de tant

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d’affaires, j’en eusse peu tirer quelque ayde. Je n’ay point

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de novelle que monseigneur le prince dauphin soit party

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de Saint-Fergeau pour faire son voyage en Daulphiné,

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bien que le sieur de Bazemont me promit m’advertir de son despart.

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Voz petitz escholiers se portent bien. Je présente mes très humbles

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recommandations à votre bonne grâce et de celle de monsieur de La Roche. Je prie Dieu,

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Monsegneur, qui vous conserve en très longue et

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heureuse vie. De Paris, ce XXIIIe novembre 1572.

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Votre très humble serviteur

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S de Boczosel

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J’ay sceu que madame arriva à Grenoble le XIIIe

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en très bonne santé, de quoy je loue Dieu. Je luy baise

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les mains très humblement. Elle prendra, s’il luy plait,

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les lettres que je vous escris pour siennes. A mon acquit

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envers elle, si elle a quelque conficture de reste, je

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la supplie en faire part à madamoiselle de Chastelar

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ma mère.

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